Enjeux et objectifs du développement d'Arabesque :

L’analyse de la dynamique des aires urbaines ou des métropoles, la délimitation de leurs aires fonctionnelles, la comparaison spatio-temporelle de leurs motifs est souvent freinée par deux catégories de problèmes inhérents aux données et aux outils. L’insuffisance de données ouvertes décrivant interactions et interrelations territoriales de toutes sortes freine en effet les possibilité d’analyses empiriques. L’absence de dispositifs d’analyse et de géo-visualisation dédiés contribue à éluder du paysage cartographique actuel nombre d’images présentant pourtant un intérêt visuel et analytique fort. Au-delà des questions liées à la mise en ligne de données qui relèvent de problèmes spécifiques, nous souhaitons focaliser l'attention sur les possibilités actuelles de la fabrique cartographique en ligne.

État de la question :

L’éventail des possibilités actuelles d’exploration de données de flux et réseaux dans le geoweb est symptomatique de l’engouement soutenu d’une communauté interdisciplinaire. Si l’effort a pendant longtemps été limité à la seule visualisation directe, on observe la mise en ligne récente d’applications spécifiquement dédiées à l’analyse thématique de ces flux.

Trois approches semblent cohabiter :

1. La première apparaît dédiée à la valorisation sous une forme cartographique numérique de gros corpus de données, c’est le cas de Comtrade (https://comtrade.un.org/) par exemple.
2. La seconde approche est celle des applications de géo-exploration visuelle de ses propres données comme dans flowmap.blue (https://flowmap.blue/ de Boyandin, 2018), selon différentes modalités graphiques autorisant la co-visualisation, tel The Vistorian (https://networkcube.github.io/vistorian/index.html, Bach et al., 2018) et Netscity (https://www.irit.fr/netscity/, 2019).
3. La troisième approche est spécifique aux infrastructures logicielles lourdes de cartographie en ligne telles Magrit (http://magrit.cnrs.fr) ou Kepler (https://kepler.gl/), en réponse aux lacunes des éditeurs actuels. Il est intéressant de noter que ces solutions sont réalisées en lien avec une pratique montante du développement du libre dans une optique de reproductibilité (Giraud, Lambert, 2017).

Pour une cartographie de visualisation des flux et réseaux :

Peu d'applications semblent toutefois complètement inscrites dans le paradigme de la « cartographie de visualisation » tel que défini par A. Mac Eachren (2004). Les efforts semblent en effet encore davantage portés sur l’affichage de couches et sur leur exploration simple ; les applications relèvent encore peu de la combinaison au sein d’une même interface des deux piliers de la représentation cartographique, à savoir : la (géo)visualisation proprement dite et le traitement amont des informatiques statistiques et géographiques.

Objectifs généraux de Arabesque :

L’objet de l'application Arabesque est de répondre à la forte demande d'analyse de ses propres jeux données OD, de manière gratuite, accessible en open source et ergonomique – ce besoin correspondant au résultat d'une enquête menée par nos soins en 2018. Cette application, inscrite dans le cadre de la Loi Lemaire pour une république numérique, relève de l’objectif général visant à accroître la compréhension des déterminants géographiques de la mobilité spatiale de biens et de personnes.

Elle souhaite répondre à l’impératif de visualisation des résultats de recherches fondamentales ou appliquées relevant de cadres de développements théoriques et méthodologiques pouvant être considérés comme transversaux, à différents thèmes (population, habitat, environnement, transport, …), interdisciplinaires par essence (géographie, démographie, environnement, géomatique, sciences pour l’ingénieur, sciences humaines et sociales, …) en raison des défis sociétaux liés à l’essor de la société numérique qu’ils permettent de relever.

Sur le plan scientifique, cette application ambitionne d’innover dans la manipulation de données numériques décrivant des flux et réseaux localisés actuellement disponibles dans le geoweb (Bahoken et al, 2020). C’est pourquoi elle s’inscrit, d’une part, dans le nouveau paradigme de la « cartographie de visualisation » (Mac Eachren, 2005) consistant à combiner dans un même environnement des dispositifs de géo-visualisation et de traitement des informations géographiques et statistiques – à visée descriptive dans un premier temps. En autorisant, d’autre part, la prise en compte de jeux de données relationnelles complexes, pouvant être à la fois volumineux et présenter différentes dimensions des mobilités spatiales (plusieurs catégories thématiques et/ou temporalités).

Une attention particulière est en outre apportée au rendu en lui-même, que ce soit pour le dessin ou pour la sémiologie cartographique des figurés. La volonté d’une amélioration qualitative des images produites devrait conduire à développer une approche sensée de la géo-visualisation des mobilités et des interactions spatiales.